50 Nuances de bleu au large de Groix

Imaginez le tableau. Groix, l’eau d’une clarté presque insolente, le soleil qui caresse la surface. Je suis là, dans mon élément, mi-homme mi-phoque, en pleine préparation d’un atelier « zen et profondeur », en conversation philosophique avec les particules de plancton. Le genre de moment suspendu où on se sent seul au monde.

Seul ? Pas pour longtemps !

À l’horizon, une silhouette blanche et grise se dessine, élégante, fendant les flots avec une autorité naturelle. Un liseré tricolore sur le flanc. Pas de doute, c’est un date inattendu qui s’annonce. Mon cœur d’apnéiste fait un bond (contrôlé, bien sûr, faut pas gaspiller l’oxygène). La Gendarmerie Maritime venait me faire de l’œil.

Premier contact

L’approche se fait en douceur, professionnelle. Pas de gyrophare, pas de mégaphone, ni de sirène hurlante. Un « Bonjour Monsieur » courtois qui me sort de ma transe aquatique.

Je dois l’avouer, même quand on est instructeur et qu’on prêche la sérénité à longueur de stage, il y a toujours cette petite seconde de « contrôle surprise ». Cette montée de chaleur sous les 8mm de néoprène qui n’a rien à voir avec la décontraction de la glotte. Ai-je bien mis mon slip le plus présentable ce matin ? Question existentielle…

Je hisse mon plus beau sourire, enlève mon tuba pour éviter de répondre comme un siphon, et lance la conversation. L’heure des présentations avait sonné.

Le Grand Déballage : « Alors, on descend profond avec ça ? »

Commence alors le jeu de la séduction… ou plutôt de la vérification. Il faut montrer palme blanche !

  1. Les préliminaires : « Vos papiers, s’il vous plaît. » C’est le moment de dévoiler mes atouts les plus intimes : ma carte d’instructeur, mon assurance en responsabilité civile professionnelle. Le tout précieusement gardé au sec. La base d’une relation de confiance.
  2. L’inspection du matériel : Et là, on passe aux choses sérieuses. Forcément, l’équipement d’un moniteur, ça en impose un peu plus que le masque-tuba de plage. Ils ont jeté un œil à mes longues palmes, ma bouée de compétition avec sa ligne de vie bien lovée, ma longe de sécurité… Puis, avec un petit sourire en coin, l’un des gendarmes regarde mon profondimètre et demande : « Alors, on descend profond avec tout ça ? »

Le genre de question qui, sortie de son contexte, peut prêter à confusion ! J’ai répondu avec un modeste « Suffisamment pour voir de belles choses », histoire de rester humble. On ne va pas commencer à comparer les profondeurs sur le pont d’une vedette, quand même !

Tout au long de l’inspection, l’ambiance est détendue. On parle de mon activité, de l’importance de la sécurité, de l’encadrement. Je découvre des professionnels rigoureux mais avant tout des gens de mer, et ça, ça fait plaisir.

Le Verdict : « Ce n’est qu’un au revoir… »

Le verdict tombe, sans surprise : « Tout est parfait, Monsieur. Continuez à bien montrer l’exemple. Bonne journée ! » Un signe de la main, un dernier sourire, et la belle vedette bleue s’éloigne. Je reste là, avec le sentiment agréable que tout est à sa place. Que la sécurité en mer n’est pas qu’une ligne dans un décret, mais une réalité incarnée par des gens compétents et sympas.

Le Coin sécurité : parce qu’un « date » raté en mer peut vite mal tourner

Cette rencontre sympathique est l’occasion parfaite de rappeler les vrais numéros à draguer en cas de pépin. Ceux qui ne vous laisseront jamais tomber.

EN MER, L’URGENCE ABSOLUE :

  • VHF : CANAL 16. C’est LE moyen à privilégier. Lancez un « MAYDAY » en donnant votre position et la nature de l’urgence. Le CROSS vous entendra.
  • TÉLÉPHONE : LE 196. C’est l’appel direct au CROSS (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage). Ils coordonnent tous les secours en mer. Mettez-le en favori !

À TERRE SUR GROIX (si le problème arrive sur le caillou) :

  • POMPIERS : 18
  • SAMU (Urgence médicale) : 15
  • GENDARMERIE (pour les problèmes non maritimes) : 17
  • NUMÉRO D’URGENCE EUROPÉEN : 112 (marche partout, sur terre comme en mer si vous captez le réseau mobile)

Nos anges gardiens en mer : Qui sont-ils vraiment ?

Derrière ces numéros et ces acronymes, il y a des femmes et des hommes qui veillent sur nous. C’est bien de savoir qui fait quoi.

  • Le CROSS (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage) : C’est la tour de contrôle de la mer. Basé à terre, le CROSS ne part pas en intervention mais reçoit votre appel sur le canal 16 ou le 196. Ce sont eux les chefs d’orchestre : ils analysent la situation et déploient les moyens les plus adaptés. En 2024, les CROSS de la façade Atlantique-Manche-Mer du Nord ont coordonné près de 12 000 opérations de secours, assistant plus de 20 000 personnes. C’est notre premier point de contact, notre ange gardien à l’autre bout des ondes. Pour une vision complète de leur rôle crucial, le site du Ministère de la Mer est la meilleure source.

  • La Gendarmerie Maritime : Vous les avez rencontrés avec moi ! Leurs missions sont très larges : police en mer (contrôles de pêche, lutte contre la pollution et les trafics), mais aussi missions de sauvetage et d’assistance. Ils sont les garants de la loi et de l’ordre sur le bleu. Leurs milliers de jours de patrouille en mer chaque année expliquent pourquoi une rencontre comme la mienne est finalement assez banale et toujours professionnelle. Pour découvrir leurs missions vues de l’intérieur, n’hésitez pas à lire les témoignages sur le site Gendinfo.

  • La SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) : Ce sont les héros du quotidien. L’immense majorité de ses membres sont des bénévoles. Des gens comme vous et moi, qui laissent leur travail ou leur repas de famille pour monter sur une vedette ou un zodiac et affronter la mer déchaînée pour sauver des vies. Plus de 50% de leurs interventions concernent la plaisance. Chaque année, ils sauvent des milliers de vies grâce à leur courage et leur dévouement, le tout financé en grande partie par des dons. Un immense respect. Pour aller plus loin, je vous conseille vivement d’écouter leur podcast « Histoires de Sauveteurs » disponible sur leur chaîne YouTube. C’est passionnant et ça permet de vraiment comprendre leur engagement de l’intérieur.

Ces trois entités, aux missions bien distinctes mais complémentaires, forment notre filet de sécurité en mer.

La Morale de cette histoire bleue

Au final, ce contrôle surprise était la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Ça prouve que la mer est surveillée, que notre sécurité est prise au sérieux, et que les clichés sur les uniformes rigides ont la vie dure.

Alors, la prochaine fois que vous croiserez du bleu sur l’eau, pas de coup de blues ! En tant qu’instructeur, être irréprochable est notre première mission. Soyons en règle, fiers de notre pratique et de l’exemple que nous donnons. Et surtout, offrons notre plus grand sourire. on se retrouve tous dans le bleu…

À bientôt dans le bleu,

– Maël

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