Comment je suis passé de 30 secondes à 2 minutes d’apnée statique

Je me souviens très bien de mes débuts. Chaque tentative d’apnée statique était une bataille. Je prenais une énorme inspiration, je lançais le chrono, et je commençais à lutter. À 30 secondes, mon corps se tendait. À 45 secondes, mon mental hurlait « Respire ! ». Je sortais de l’eau essoufflé, avec le sentiment de m’être battu contre un mur, persuadé que je n’étais tout simplement « pas fait pour ça ».

Pourtant, quelques mois plus tard, je franchissais la barre des 2 minutes dans un état de calme presque total. Le chronomètre, lui, n’avait pas changé. Mais tout le reste, si. Je n’avais pas gagné en capacité pulmonaire, j’avais gagné en sérénité.

Ce n’était pas une question de physique, mais de philosophie. Voici le déclic qui a tout changé, et la méthode qui m’a permis de transformer une lutte en une méditation.

Avertissement crucial : L’apnée statique, même si elle semble passive, se pratique TOUJOURS sous la surveillance active d’un binôme. Ne pratiquez jamais, jamais seul dans l’eau.

L’erreur du débutant : se battre contre le temps

Au début, mon seul objectif était le chiffre sur le chronomètre. Toute mon attention était focalisée sur le temps qui passe et sur l’envie de respirer qui montait. Je contractais ma mâchoire, mes épaules, je comptais les secondes… Bref, je créais une énorme tension physique et mentale, gaspillant un oxygène précieux. Je luttais pour « tenir ».

Le déclic : changer la question

Le jour où tout a changé, c’est le jour où mon instructeur m’a dit : « Arrête de te demander ‘combien de temps je peux tenir ?’. Demande-toi plutôt : ‘à quel point puis-je être détendu ?' ».

J’ai compris que le temps n’était pas l’objectif, mais la conséquence. La conséquence d’un état de relaxation totale. J’ai arrêté de regarder le chrono. Mon nouvel objectif est devenu de trouver le point de confort le plus absolu possible, de scanner mon corps pour chasser la moindre tension.

La méthode : mon protocole de relaxation en 3 temps

Fort de ce déclic, j’ai mis en place un rituel simple, non pas pour « performer », mais pour me « détendre ».

1. La Préparation (5 minutes avant) Je m’installe dans l’eau, flottant sur le dos, le plus confortablement possible. Je ferme les yeux et je me concentre uniquement sur ma respiration. J’effectue le « breathe-up » que nous avons vu ensemble : des inspirations ventrales douces, et des expirations deux fois plus longues, très lentes, comme si je soufflais sur la flamme d’une bougie sans vouloir l’éteindre.

2. La Dernière Inspiration : une invitation, pas une agression Après ma phase de relaxation, je prends ma dernière inspiration. Fini le « gonflage à bloc » qui crée des tensions. Je prends une inspiration ample, profonde, mais totalement relâchée. Une fois plein, je bascule doucement, visage dans l’eau, et je lance mentalement le début de mon voyage intérieur.

3. Le Voyage (pendant l’apnée) C’est là que tout se joue. Mon unique travail est de rester détendu.

  • Le scan corporel : Je commence par passer en revue tout mon corps, des orteils au front, en relâchant consciemment chaque muscle. « Mes pieds sont lourds, mes mollets sont détendus, ma mâchoire est desserrée… »
  • L’accueil des sensations : L’envie de respirer arrive. Au lieu de la voir comme une alarme, je l’accueille comme un signal normal. « Tiens, te voilà. Je sais que tu es là, tout va bien. » Un peu plus tard, les premières contractions du diaphragme apparaissent. Je ne lutte pas contre. Je les laisse se produire, comme une vague qui passe. Je « danse » avec elles.
  • La distraction mentale : Pour ne pas me focaliser sur le temps, je me raconte une histoire, je revisite un lieu que j’aime, je chante une chanson dans ma tête. Mon esprit est occupé ailleurs.

Le résultat : la surprise du calme

La première fois que j’ai appliqué cette méthode, je suis sorti de l’eau en pensant avoir fait une « petite » apnée, peut-être d’une minute. Mon binôme m’a annoncé : « 2 minutes 10 ». J’étais stupéfait. Je n’avais pas lutté, je n’avais pas souffert. J’avais simplement été… calme. En arrêtant de me battre contre le temps, je lui avais permis de passer.


Cette expérience a fondé toute ma vision de l’apnée. Ce n’est pas une discipline de force, mais une discipline d’écoute et de lâcher-prise. Alors si vous butez sur un palier, arrêtez de vouloir le briser. Contournez-le. Oubliez le chrono, et concentrez-vous sur une seule chose : le calme. Le reste suivra, comme une évidence.

À bientôt dans le bleu,

– Maël

What's your reaction?
0Cool0Bad0Lol0Sad
Translate »