Au fil de nos articles, nous avons exploré comment descendre, comment observer, comment ressentir. Mais une question essentielle sous-tend toutes ces actions : comment être sous l’eau ? Quelle est notre place, notre responsabilité, en tant qu’invités silencieux de l’océan ?
L’apnée est une école d’humilité. Elle nous enseigne que nous ne sommes pas les maîtres des lieux. Pour guider cette prise de conscience, des pionniers ont déjà tracé la voie. Nous pensons notamment à l’association Longitude 181, dont la Charte Internationale du Plongeur Responsable est le document fondateur pour quiconque met la tête sous l’eau. C’est une boussole éthique que chaque plongeur, en bouteille ou en apnée, devrait lire et méditer.
Inspirés par cette philosophie globale, nous avons voulu la décliner pour notre pratique. Voici les 7 engagements qui constituent la « Charte du Blop-Apnéiste ». Ce n’est pas un règlement, mais une promesse que l’on se fait à soi-même.
1. Je suis le gardien de mon binôme.
Ma priorité absolue n’est pas ma performance, mais la sécurité de la personne avec qui je plonge. Je ne la quitte jamais des yeux. Je connais les gestes qui sauvent et je suis prêt à les appliquer sans hésitation. Sa confiance est mon bien le plus précieux.
2. Je suis un invité dans leur monde.
Je n’oublie jamais que je pénètre dans le salon d’êtres vivants. Je n’y touche rien, je n’y dérange rien, je n’y prélève rien. J’adapte ma trajectoire pour ne pas survoler un animal. Mon but n’est pas d’être vu, mais de voir sans être remarqué. Le plus grand compliment que la faune puisse me faire est de m’ignorer.
3. Je ne laisse que des bulles (et encore, discrètes).
Mon passage doit être neutre. Je veille à ne rien perdre (lest, tuba…). Mieux encore, si je trouve un petit déchet (plastique, fil de pêche) et que je peux le retirer sans risque, je le fais. Je transforme chaque plongée en un petit acte de nettoyage pour l’océan.
4. Je suis humble face à l’océan.
Je reconnais que la mer est toujours plus forte que moi. Je me renseigne sur les conditions (météo, marée, courants) avant chaque sortie. Si je ne le sens pas, si je suis fatigué, stressé ou que les conditions sont limites, je sais renoncer. La plus belle sortie est celle d’où l’on revient pour en faire d’autres.
5. Je suis un éternel apprenti.
Je sais que ma progression est infinie. Je cherche à améliorer ma technique, mes connaissances du milieu et mes compétences en sécurité. Je reste curieux, je lis, je me forme auprès de professionnels, car c’est en comprenant mieux que je protège mieux.
6. Je suis un passeur d’histoires, pas un chasseur de records.
Je partage ma passion avec bienveillance. Quand je raconte mes plongées, je mets en avant la beauté de ce que j’ai vu, les sensations que j’ai ressenties, plutôt que les mètres ou les secondes. J’encourage les débutants et je valorise le respect et la sécurité plus que la performance.
7. Je suis un ambassadeur de l’océan.
De retour sur terre, je suis le porte-parole du monde du silence. Par mes récits, mes photos et mes actions, je témoigne de sa beauté et de sa fragilité. Je comprends que la protection de l’océan ne commence pas dans l’eau, mais dans nos gestes de tous les jours.
Adhérer à ces quelques principes, c’est choisir de donner plus de sens à chaque immersion. C’est décider que notre passage sous l’eau, aussi bref soit-il, laissera une empreinte positive, non pas sur le fond marin, mais dans les consciences.
C’est ça, l’esprit Blop!.
À bientôt dans le bleu,
– Maël
