Apprendre à ralentir : ce que l’apnée m’a appris

Le monde moderne est une course. Courir pour être plus productif, aller plus vite, en faire toujours plus. On remplit nos agendas comme on remplirait une valise avant un long voyage, jusqu’à ce qu’elle déborde. Pendant longtemps, j’ai couru comme tout le monde. Et puis, j’ai découvert l’apnée. Une pratique qui, à contre-courant de tout, m’a enseigné une vérité simple et puissante : c’est en ralentissant que l’on va le plus loin.

Au début, je pensais que l’apnée était un sport. Aujourd’hui, je sais que c’est un maître de vie. Les leçons les plus importantes que j’ai apprises ne se mesurent pas en mètres ou en secondes. Elles m’accompagnent tous les jours, longtemps après avoir rincé ma combinaison.

Voici quelques-unes de ces leçons, offertes par le monde du silence.

Leçon n°1 : L’infinie puissance du calme

En apnée, le moindre mouvement parasite, la moindre pensée stressante, la moindre contraction inutile brûle un oxygène précieux. J’ai appris que l’agitation est notre plus grand ennemi. Pour durer, il faut devenir l’incarnation de l’économie. Chaque geste doit être lent, précis, nécessaire. Dans la vie : Combien d’énergie gaspillons-nous chaque jour en agitation mentale ? En passant d’une tâche à l’autre, en nous inquiétant pour le futur, en ressassant le passé ? L’apnée m’a appris à appliquer le même principe d’économie à ma vie. Faire une seule chose à la fois. Me concentrer sur l’essentiel. Éliminer le « bruit » pour me consacrer à ce qui compte vraiment. Le calme n’est pas de la passivité, c’est de l’efficacité pure.

Leçon n°2 : Accueillir l’inconfort sans lutter

Lors d’une apnée, le corps envoie des signaux : l’envie de respirer, les contractions du diaphragme. L’instinct du débutant est de paniquer et de lutter contre ces sensations. L’apnéiste apprend à faire l’inverse : les accueillir, les observer sans jugement, et se détendre avec elles. C’est dans cette acceptation que l’on découvre qu’on a bien plus de ressources qu’on ne le pensait. Dans la vie : Face à une situation stressante – une conversation difficile, une surcharge de travail, une angoisse – notre premier réflexe est souvent de nous crisper, de lutter. L’apnée m’a enseigné l’art du lâcher-prise. Respirer, accepter la sensation d’inconfort sans la laisser devenir de la panique, et agir depuis cet état de calme relatif. On ne peut pas empêcher les vagues de venir, mais on peut apprendre à surfer dessus.

Leçon n°3 : La qualité de l’action dépend de la qualité de la préparation

Personne ne se jette à l’eau pour une apnée profonde sans un « breathe-up », ce rituel de préparation respiratoire. La qualité de l’immersion, son confort, sa durée, dépendent entièrement de la qualité du calme que l’on a réussi à installer en soi avant de partir. Dans la vie : Nous nous lançons souvent dans nos journées à corps perdu, sans la moindre préparation mentale. L’apnée m’a appris la valeur inestimable de ces quelques minutes de calme avant l’action. Prendre 3 minutes pour respirer avant une réunion importante, s’isoler 5 minutes avant de commencer une tâche qui demande de la concentration… Cette brève pause n’est pas une perte de temps, c’est ce qui garantit la qualité et la sérénité de tout ce qui suit.

Leçon n°4 : Le présent est le seul endroit où l’on peut vraiment vivre

À 20 mètres de profondeur, dans le silence bleu, le passé n’existe plus et le futur est une simple direction (le haut !). Le mental, privé de ses distractions habituelles, n’a d’autre choix que de se taire. Il ne reste que l’instant. La sensation de l’eau sur la peau, la vision du bleu infini, l’écoute de son propre cœur. C’est un état de présence totale, à la fois simple et incroyablement puissant. Dans la vie : L’apnée est le plus bel entraînement à la pleine conscience. Elle nous réapprend à habiter le moment présent. Grâce à elle, j’apprends à savourer un café sans penser à mes e-mails, à écouter une conversation sans préparer ma réponse, à marcher en regardant le monde plutôt que mon téléphone.


Le trésor le plus précieux que je remonte de mes plongées n’est pas une image ou un souvenir, c’est un peu de ce calme, un peu de cette lenteur, un peu de cette conscience. L’apnée ne m’a pas seulement appris à explorer l’océan. Elle m’apprend, chaque jour, à mieux habiter ma propre vie.

À bientôt dans le bleu,

– Maël

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